Formes Utiles
en cours Depuis plusieirs mois, je photographie de manière frontale de la vaisselle en verre trempé héritée de mes grand-parents et également achetée en ressourceries ou d’occasion. J’utilise à cet effet une vaisselle rarement neuve, souvent usagée et parfois ébréchée. J’ai alors commencé à accumuler des pièces de différents services des marques Duralex, Vereco, Luminarc et Arcoroc. Ce type de vaisselle incarne la durabilité, la robustesse que l’on proposait aux classes populaires et moyennes au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale et également utilisée dans les cantines ou autres lieux collectifs de restauration. Le service Duralex 2000 de couleur vermeil ou le verre gigogne de la même marque dans laquelle on regardait le numéro inscrit au fond pour savoir son âge, sont assurément des madeleines de Proust pour beaucoup. Près de soixante-dix ans se sont écoulés depuis la production de certaines pièces. Plusieurs histoires personnelles et familiales apparaissent dans ma collection de verres trempés, au travers des traces laissées par le temps et l’usage de chacun. Visuellement, l’usure donne une texture et une couleur différente au verre, s’approchant du verre dépoli. Par ailleurs, les tasses, assiettes, plats, bols, coquetiers, beurriers, légumiers, gobelets deviennent matière, couleur, forme, motif et viennent ainsi constituer ma palette. De ce fait, j’utilise cette palette pour composer ces images à la fois graphiques et colorées, dans lesquelles l’objet perd sa nature première et son statut d’objet, pour devenir autre chose. Ce travail de composition donne lieu à une production photographique abstraite.
« Formes Utiles » aborde de manière plastique l’histoire des classes populaires et moyennes, ainsi que l’histoire industrielles françaises, l’histoire du design et pour terminer l’histoire de l’art. Pour finir, j’aimerais préciser que j’ai choisi ce titre en référence à l’association Formes Utiles créée en 1949 par André Hermant, Charlotte Perriand et René Herbst au sein de L’Union des Artistes Modernes. Après une séparation d’avec UAM, un manifeste a été rédigé par Hermant, des expositions ont eu lieux durant neuf années, pendant le Salon des Arts Ménagers et une revue éponyme a vu le jour. Les expositions et la revue mettaient en scène des objets du quotidien, suivant une thématique.